Commerce et Tourisme equitable
Tourisme et Commerce Equitable
Pour expliquer et bien comprendre le concept du commerce équitable, on part du principe que toute personne qui travaille a droit à une rémunération équitable, laquelle lui permettra d’offrir et de garantir une existence conforme à la dignité humaine à elle-même et à sa famille.
Face à la domination du commerce mondial, le terme « commerce équitable » fait également référence à une base indispensable pour permettre également un développement équitable de tout un chacun d’un côté, mais aussi de fonder une économie respectueuse de tous les droits économiques, sociaux-culturels et environnementaux.
Mais qu’est ce que le commerce équitable exactement et en pratique ? Quelle est sa définition ? De quelle manière peut-on l’instaurer ? Et quels sont ses réels objectifs ?
La définition commerce équitable selon le FINE
Le FINE, Coordination informelle des acteurs du commerce équitable, regroupe internationalement différents organismes. Ensemble, ces derniers ont choisi depuis 2001 la définition suivante pour le vrai « commerce équitable » : « le Commerce Équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud.
Les organisations du Commerce Équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel.»
Tourisme équitable ?
Face à la prolifération des prestations de voyage en masse et la promotion des « packages » tout compris, les touristes semblent aujourd’hui être considérés comme de simples consommateurs. Il va de soi que les répercussions négatives ne se soient pas faites attendre trop longtemps.
Obligés de réagir, des spécialistes du voyage, des tours opérateurs disposant d’une grande notoriété, et des acteurs locaux décident de mettre en place ce que l’on appelle le « tourisme equitable ». Mais de quoi s’agit-il exactement ? Qui en bénéficie le plus ?
Quels sont les critères généraux définissant le commerce équitable ?
Le commerce équitable ou aussi appelé le commerce juste se base sur différentes valeurs, lesquelles sont traduites en critères pour le définir, conformément à son cadre règlementaire. Pour la France, il s’agit de l’article 94 de la loi relative à l’économie sociale et solidaire datée du 31 juillet 2014 et de son décret d’application ; ainsi que de l’article 129 de la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques ou aussi appelée « loi Macron » datée du 06 août 2015 et de son décret d’application.
Ainsi, le commerce équitable repose sur 8 grands référentiels internationaux, à savoir :
- Les critères économiques qui englobent l’accès au marché facilité, les relations commerciales à long terme, le paiement d’un prix juste, la transparence et la traçabilité, le préfinancement des commandes si besoin…
- Les critères sociaux regroupant le respect total des conventions fondamentales de l’Organisme International du Travail ou OIT qui inclut le temps de travail, l’âge minimum, le revenu minimum, la liberté syndicale… Sont également considérés l’absence du travail des enfants et du travail forcé.
- Les critères de renforcement et autonomie ou « empowerment » qui impliquent l’égalité des travailleurs, le fonctionnement d’une manière démocratique et participative au niveau des prises de décisions…
- Les critères environnementaux ou le l’interdiction de l’utilisation de substances dangereuses, le respect de la biodiversité, l’utilisation des ressources naturelles, la bonne gestion des emballages et des déchets…
- Et les critères de sensibilisation au niveau de la population par rapport aux enjeux d’un commerce international plus juste.
Quels sont les principaux enjeux du commerce équitable ?
Le commerce équitable connaît aujourd’hui une forte notoriété. Selon les derniers chiffres, près de 95 % des français sont sensibilisés au principe selon l’IPSOS en juin 2009. Seulement 9 ans auparavant, les statistiques étaient alarmantes avec seulement 9 % de personnes connaissant le commerce équitable.
La notoriété n’est évidemment plus l’enjeu principal du commerce équitable actuellement. Les priorités s’orientent davantage dans l’acquisition d’une plus nette visibilité et une démocratisation complète du processus de manière à ce que la population mondiale soit habituée à l’instauration d’un produit équitable.
De nombreux changements restent donc encore indispensables. A titre d’exemple, il existe certains leviers d’amélioration accessibles à tout producteur, où qu’il soit et exerce, à savoir :
- La proposition d’un produit de qualité, encore plus d’efforts que ceux déjà réalisés
- Le développement des lieux de consommation de produits équitables comme les hôtels, les restaurants, les distributeurs automatiques…
- Le développement d’une commande publique équitable
- Le renforcement de la transparence et de la lisibilité des engagements mais aussi des résultats pour les consommateurs
- Et le renforcement de la visibilité du commerce équitable par la mise en place de campagnes de sensibilisation spécifiques et/ou l’organisation d’évènements spéciaux.
La définition du tourisme équitable
Une charte du tourisme équitable est sortie en janvier 2009. Elle a été mise en place par la PFCE ou la Plateforme pour le commerce équitable, laquelle est un regroupement créé en 1997. Dans ce document, la définition du tourisme équitable et solidaire est la suivante : « Le tourisme équitable s’applique sur les principes du commerce équitable. Les opérateurs touristiques sont en partenariat direct avec les communautés locales, qui sont rémunérées équitablement et participent directement à l’élaboration commune et à la gestion des séjours.»
Comment se traduit cette définition dans la réalité ?
Ainsi dans le cas pratique, le séjour solidaire et le voyage equitable font référence à une stratégie visant à offrir une expérience à taille humaine, rare, composée de découvertes et d’échanges avec la population aux voyageurs. En même temps, il s’agit aussi d’apporter un développement équilibré aux régions visitées.
En d’autres termes, on pourrait regrouper les situations suivantes comme les piliers du tourisme solidaire :
- Le voyage loin des infrastructures touristiques, en petit groupe et en privilégiant les échanges et rencontres avec la population
- Le choix de sélectionner des hébergements appartenant à la population locale comme les villages, les gîtes, les hôtels de charme ou encore les campements
- La favorisation de l’économie locale via la restauration, le transport, la guidance, ou l’artisanat
- Le respect de la population, de son environnement et de sa culture
- Le financement des projets de développement gérés par les communautés locales grâce au reversement d’une partie des prix de voyage
- Le choix de s’orienter vers des opérateurs immatriculés au registre des opérateurs de voyages et des opérateurs professionnels
Quels sont les engagements d’un tourisme équitable ?
Pour être considéré comme étant un acteur du tourisme équitable, il faut notamment respecter les 5 engagements suivants :
- Le partenariat: ce qui implique une approche orientée vers les communautés d’accueil, les organismes de promotion locaux, les prestataires de services locaux, les agences de vente de séjours proposant une collaboration ou un partenariat à long terme. Ce sont elles qui intègrent les coûts sociaux et environnementaux dans le but de valoriser les apports de chacun dans la filière.
- La contractualisation concertée: pour l’élaboration d’un projet touristique, toutes les parties prenantes se doivent d’être consultées. Ce qui inclut les communautés résidentes, celles qui ne sont pas directement impliquées dans la mise en place des activités touristiques de leur région. Cette concertation se soldera par la suite par des contrats de prestations, lesquelles devront respecter les droits sociaux fondamentaux (OIT) et toute autre règle protectrice des travailleurs propre au territoire. La détermination des rémunérations des prestataires ainsi que des prix des prestations doit aussi suivre ce processus de concertation. Il est notamment question d’éviter une concurrence déloyale.
- Le développement local: est aussi un critère indissociable du tourisme responsable et solidaire. Il s’agit ici de prioriser les activités touristiques locales. Les bénéfices de ces activités seront majoritairement utilisés pour promouvoir le développement des projets locaux, lesquels sont tenus par des communautés d’accueil.
- La transparence: concerne les modes de décisions, les transactions financières et de tous les comptes généraux en relation avec les activités réalisées. Il s’agit aussi de véhiculer des informations de qualité à l’endroit des touristes avant et pendant leur séjour sur le territoire. Cette transparence règlemente le tourisme équitable de manière à ce que chaque acteur puisse contrôler la bonne marche de la filière.
- Les voyageurs responsables demeurent le 5ème et dernier engagement. Ceux qui acceptent cette forme de tourisme sont conscients que leurs actes et leurs attitudes peuvent déstabiliser les populations d’accueil et impacter sur le développement de la région qu’ils visitent.